[Monde] L'Odyssée de Mask

Chapitre 1 - Le combat de Montparnasse

Tout le monde était salement amoché, tout le monde était crevé. La carcasse de Derek n'avait pas encore fini de brûler. Qherv Oslo était encore debout, devant eux. Victorieux.

– Vous êtes pathétiques. Incapables d'abattre un pauvre cinquantenaire un minimum résistant ; même Derek, même toi, Rockatansky.

Est-ce que tout était foutu ?

Mask se demanda ce qu'il leur restait. Un tank démoli, un jet et quelques tas inutiles qui ont jadis été de puissants combattants. Toutes les munitions des assaillants étaient déjà dans le corps de ce colosse. Il était seul, lui. Ses agents avaient déserté. Mais personne n'aurait prédit que cette ordure pouvait assurer un combat sans ses sbires et en-dehors de sa boîte de conserve militaire.

– Pourquoi tu crèves pas, Oslo ?

La phrase sortit de la bouche tremblante d'un Mask exténué, accroupit devant le corps du Président du parti qui, comme toujours, dominait les rebelles et les insectes.

– J'ai pris une petite pilule. On a mis des années à la mettre au point. Un gramme de la substance contenue à l'intérieur coûte plusieurs milliards. Mais rassure-toi, ce n'est pas parce que j'ai avalé la moitié de ma fortune que j'y perd au change.
– C'est vrai. On voit bien que t'es un vrai homme d'affaire qui gère son business.
– On dirait un sarcasme... Pourtant, je sais que tu es sérieux quand tu dis ça.

Mask n'avait pas dit ça pour le complimenter ; même s'il le pensait, c'était surtout pour l'occuper pendant qu'une silhouette s'était introduite dans le jet. Car il était évident qu'Oslo n'avait plus assez de force pour achever tous ses adversaires de ses propres mains. Il devait retourner dans son avion, s'élever dans les airs, lancer une petite roquette sur le champ de bataille et quitter les lieux.

– A bientôt les enfants.

Lorsque le jet décolla, on entendit un coup de feu retentir dans la cabine. Alors, la machine chuta et s'écrasa sur un trottoir de Paris. Est-ce que celui qui avait assassiné le Président était mort avec lui ? Personne ne sut.

La fumée noire s'élevait toujours de la carcasse métallique du coucou quand le Soleil disparut en-dessous de la ligne d'horizon du ciel parisien. Pendant la nuit, peu à peu, les autres guerriers de la bataille quittèrent le toit de la tour Montparnasse, probablement pour disparaître pour toujours, éviter définitivement de se montrer aux membres de l'Armée politique.

Mask n'y fit pas attention. Il ne les regarda même pas. Il aperçut vaguement des ombres bougeant dans la pénombre. Il entendit faiblement des pas résonnant dans le silence nocturne.

Il dormit jusqu'à l'Aube. Puis il partit lui aussi. Où aller à présent ?

Belgique.

Chapitre 2 - La retraite

Pourquoi aller en Belgique ?

Parce que Mask cherchait à renouer avec ses origines. Revenir au temps béni où son enfance était bercée par le doux son de la langue française. Redevenir francophone.

C'était le lendemain du combat de Montparnasse. Mask avait repris des forces et s'était mis en route dès le lever du Soleil. Il avait vu une dernière fois le cadavre d'Oslo en cherchant dans les ruines du jet et lui avait lancé un ultime crachat. Il était en paix. Même s'il pensait que l'Armée politique n'allait plus jamais avoir de seconde de répit à le pourchasser.

Qu'importe. Le Parti n'a plus de chef valable, il va se déconstruire progressivement et, à terme, à long terme, il implosera.

Le long de l'autoroute française, il découvrit un véhicule abandonné dont il s'empara.

Un jour plus tard, il était à Bruxelles. Là, il rencontra Zephyr, son premier ami depuis longtemps.

– Tu sens le rebelle à plein nez. Viens à notre retraite.
– Votre retraite ?

Leur retraite, c'était un quartier de Bruxelles peuplé de quelques dizaines de personnes. Quelques couples, quelques enfants, uniquement des non-violents.

Ils ne se souciaient pas des restes du monde et préférait récupérer la nourriture, les objets que les gens avaient laissé dans leurs habitations. La ville était grande, il y avait assez de vivres pour vivre encore des années, mais il ne fallait pas être difficile avec la bouffe... La moisissure était un plat comme un autre, exit les dates de péremption.

Mask vécut ici deux mois. Bien sûr, tous les jours, il s'entraînait pour entretenir son corps, l'arme qui lui avait toujours le plus servi. Mais il se la coulait douce. Il était paisible.

En plus d'échapper aux agents du Parti, il profitait pleinement de son exil. Le rêve, quoi. De belles femmes, de la nourriture avec abondance, des habitations extrêmement confortables et classieuses (car, bien sûr, le quartier qu'avait choisi la communauté avait jadis été le quartier le plus riche de Bruxelles)...

Après un mois, il connaissait tout le monde. Tous étaient amis avec les autres.

Un jour, Zéphyr, qui avait décidé de partir en voyage aux Etats-Unis pour y voir l'état du monde, revînt pour avertir Mask d'une chose extra-ordinaire.

– Il n'y a plus de mafia du Parti.

En effet, le nouveau gouvernement régie désormais par Tabjile (le seul scientifique non-pourri du Parti), Gold (le célèbre militaire obsédé par la justice) et Mario (le policier qui avait été viré des troupes de l'Armée politique à cause de son honnêteté) avait changé radicalement la face du monde.

New York n'était plus qu'une tas de ruines dans lequel pullulaient des SDF et des ripoux. Elle était désormais reconstruite presque entièrement. Zéphyr disait que tout le monde s'y activait à refaire chaque mur, chaque grillage, à réparer chaque véhicule, chaque machine de la capitale.

Lorsque Mask arriva là-bas avec Zéphyr (en passant clandestinement la frontière des Etats-Unis en bateau), il fut... satisfait.

– Elle a le charme d'une ville des années 1960. Cent ans après, elle est identique.

Il ajouta :

– Ma mission est terminée. Le monde va mieux.

Mais Zéphyr répliqua :

– Tu es exclu de ce nouveau monde... On te recherche ici. Sinon, tu ne serais pas venu ici par la petite porte. Tout le monde veut ta peau. Même les civils.

Mask s'en foutait.

– Toutefois... Il te reste une solution pour profiter des nouveaux aménagements.
– Laquelle ?
– Aller au Caire.

Chapitre 3 - Le larbin

La violence, y a que ça de vrai. Grâce à elle, Mask put se faire remarquer au Caire. Au départ, ce n'était qu'un modeste porte-flingue qu'un des membres avait remarqué dans la rue. Tantôt videur, tantôt homme de main, tantôt chargé de faire circuler la dope, tantôt chargé de tuer un mauvais payeur, un mois après son entrée dans l'Assemblée du Désert, le gang le plus puissant d'Egypte, Mask était "celui qui fait le sale boulot... efficacement".

Pourtant, Mask n'était pas satisfait avec ce poste. Il gagnait bien sa vie et s'amusait beaucoup, mais il lui fallait penser à son avenir. Alors il demanda de rencontrer le parrain. Celui-ci accepta et un jour, il était dans son bureau. Le parrain et ses gardes du corps n'eurent pas le temps de respirer qu'ils étaient déjà morts.

Mask ironisa la situation : en dérouillant ceux qui s'opposaient à sa prise de pouvoir brutale en disant "si vous aimez pas les changements de direction, faut travailler à son compte les gars". Mais personne n'arriva à bout de ce fou furieux, et Mask devînt puissant, très puissant ; puis il devînt riche, très riche.

La reconversion était faite. La fortune était faite. Mais ne lui manquait-il pas un peu d'action ?

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